Cybersécurité
Test d’intrusion vs Scan de vulnérabilités

Test d’intrusion vs Scan de vulnérabilités

La cybersécurité est devenue un enjeu majeur dans notre société numerique hyper-connectée. Les entreprises, les institutions gouvernementales et les particuliers sont de plus en plus conscients des risques posés par les cyberattaques, aujourd’hui devenues quasi-quotidiennes. Dans cet univers complexe, deux pratiques essentielles aident les organisations à se prémunir contre les attaques informatiques : le scan de vulnérabilité et le test de pénétration (Pentest). Bien que ces deux pratiques soient souvent confondues, elles diffèrent à la fois techniquement et juridiquement.

Le scan de vulnérabilités : Détection des faiblesses

Le scan de vulnérabilités est un processus automatisé visant à identifier les faiblesses potentielles dans un système informatique. Utilisant des logiciels spécialisés, cette opération balaye les systèmes à la recherche de failles connues, comme des configurations erronées, des logiciels obsolètes, ou des défauts de sécurité courants. Ces scans utilisent des bases de données de vulnérabilités connues, telles que Common Vulnerabilities and Exposures (CVE), pour identifier les faiblesses susceptibles d’être exploitées par des hackers.

Common Vulnerabilities and Exposures ou CVE est un dictionnaire des informations publiques relatives aux vulnérabilités de sécurité. Le dictionnaire est maintenu par l’organisme MITRE, soutenu par le département de la Sécurité intérieure des États-Unis.

https://cve.mitre.org/index.html

Les scanners de vulnérabilité peuvent être comparés à des inspecteurs de santé qui vérifient les symptômes de maladies connues. Ils fournissent un rapport détaillant les vulnérabilités trouvées, souvent avec des recommandations sur comment les atténuer.

Ces outils sont essentiels pour maintenir la sécurité informatique à jour et doivent etre utilisés régulièrement, par exemple, de manière hebdomadaire ou mensuelle.

Fonctionnement:

  • Collecte d’Informations : Le scan commence par une phase de collecte d’informations où l’outil de scan rassemble des données sur le réseau et les systèmes cibles.
  • Analyse : L’outil compare ensuite ces informations à une base de données de vulnérabilités connues. Cette base de données est régulièrement mise à jour pour inclure les dernières menaces identifiées.
  • Rapport : Une fois l’analyse terminée, l’outil génère un rapport détaillant les vulnérabilités trouvées, leur gravité et des recommandations pour les corriger.

Les scanners de vulnérabilités peuvent être des logiciels commerciaux comme Nessus, ou des solutions open-source comme OpenVAS. Il existent de multiples solutions SaaS (Software as a Service) dans le cloud également.

Imaginez un logiciel comme un gardien de sécurité qui vérifie les portes et les fenêtres d’un bâtiment pour s’assurer qu’elles sont bien fermées. Si le gardien trouve une porte déverrouillée (une faille), il le signale pour que le problème soit résolu.

Avantages et Limites

  • Avantages : Rapidité, couverture étendue, coût réduit.
  • Limites : Ne détecte que les vulnérabilités connues, peut générer des faux positifs ou faux négatifs, ne fournit pas de contexte sur l’exploitabilité des vulnérabilités.

Le Test de pénétration : Simulation de l’attaque

Le test de pénétration ou test d’intrusion, également connu sous le nom de pentest, est une approche plus offensive de la sécurité informatique. Il s’agit de simuler une attaque réelle sur un système pour identifier les failles de sécurité exploitables.

Contrairement au scan de vulnérabilité, qui se limite à détecter les failles, le test de pénétration simule une attaque réelle dans le but de découvrir comment un assaillant pourrait exploiter les systèmes. Un professionnel de la sécurité, souvent appelé un « ethical hacker », utilise une combinaison de techniques manuelles et automatisées pour essayer de pénétrer les défenses informatiques.

Pensez à un spécialiste en sécurité qui, après avoir observé que la porte est déverrouillée, décide de l’ouvrir pour voir jusqu’où il peut entrer sans être détecté ou stoppé. L’objectif est de comprendre les conséquences réelles d’une intrusion.

Ce type de test est généralement plus coûteux et plus complexe que le scan de vulnérabilité et est réalisé moins fréquemment, parfois seulement une fois par an.

Fonctionnement

Un pentest se divise en six phases bien definies:

  • Préparation : Définition du périmètre et des objectifs du test, autorisations nécessaires.
  • Collecte d’Informations : Utilisation de techniques de reconnaissance pour recueillir des informations sur la cible (scanning, surveillance, etc.).
  • Analyse de Vulnérabilité : Identification des failles potentielles en utilisant des outils similaires à ceux utilisés dans les scans de vulnérabilités.
  • Exploitation : Tentative d’exploitation des vulnérabilités identifiées pour accéder aux systèmes, données ou pour prendre le contrôle des machines.
  • Post-Exploitation : Évaluation de l’impact de l’attaque, collecte de preuves, et tests supplémentaires pour identifier d’autres failles potentielles.
  • Rapport de pentest: Compilation d’un rapport détaillé sur les vulnérabilités exploitées, l’impact potentiel et les recommandations pour renforcer la sécurité.

A titre d’exemple, voici les fenêtres Terminator sous Kali Linux lors de la phase de reconnaissance d’un pentest (en labo personnel maitrisé).

Avantages et Limites

  • Avantages : Identification des vulnérabilités exploitables, évaluation réaliste de la sécurité, contextuelle et personnalisée.
  • Limites : Temps et coûts plus élevés, nécessite une expertise avancée, risque de perturbation des systèmes.

Différences d’approche

Comme vous l’avez compris, la différence principale entre ces deux méthodes réside dans leur approche et leur profondeur. Le scan de vulnérabilité est automatisé et superficiel, se concentrant sur la détection rapide des failles connues. Le test de pénétration, en revanche, implique une approche beaucoup plus approfondie et personnalisée, tentant non seulement de trouver des vulnérabilités mais aussi de les exploiter, mimant ainsi les actions d’un attaquant réel.

Impact sur le fonctionnement

L’impact sur le fonctionnement des systèmes lors de la réalisation de scans de vulnérabilité et de tests de pénétration peut également varier. Les scans de vulnérabilité, étant moins intrusifs, sont généralement sans risque significatif pour les opérations normales des systèmes. Toutefois, les tests de pénétration, en tentant d’exploiter les vulnérabilités, peuvent parfois entraîner des interruptions de service ou d’autres effets indésirables si les risques ne sont pas correctement gérés.

Exemple de risque opérationnel : Si un test de pénétration est mal géré, il pourrait causer une surcharge sur un serveur, le rendant temporairement inaccessible aux utilisateurs légitimes.

Différences juridiques

Sur le plan juridique, les deux pratiques nécessitent une attention particulière pour rester dans les limites de la loi. Le scan de vulnérabilité peut généralement être effectué avec moins de restrictions légales, surtout s’il est réalisé sur des systèmes appartenant à l’entreprise elle-même. Toutefois, obtenir le consentement écrit et détaillé des clients ou des tiers est crucial avant de scanner des systèmes qui ne sont pas directement sous contrôle de l’entreprise.

Le test de pénétration, en revanche, peut être assimilé à une cyberattaque (bien que légal et éthique), nécessitant non seulement un consentement explicite mais souvent aussi un cadre juridique strict, incluant des accords de non-divulgation et des clauses spécifiques sur les méthodes utilisées et les données manipulées.

Pourquoi c’est important ?

Les cyberattaques peuvent avoir un coût élevé pour les entreprises, tant sur le plan financier que sur celui de la réputation. Effectuer régulièrement des analyses de vulnérabilité et des tests de pénétration permet d’identifier et de corriger les failles de sécurité avant qu’elles ne deviennent des problèmes majeurs. Cela est particulièrement crucial dans des secteurs réglementés tels que la finance, la santé et les entités étatiques, où les fuites de données peuvent avoir des conséquences désastreuses.

Chaque jour, les entreprises et les collectivités sont victimes d’attaques. Parfois, cela entraîne des violations massives de données en raison d’une vulnérabilité non corrigée dans l’un de leurs outils web. Si des analyses de vulnérabilité régulières et des tests de pénétration avaient été réalisés, de nombreuses failles auraient pu être détectées et corrigées avant qu’elles ne soient exploitées.

Mot de la fin

Le scan de vulnérabilité et le test de pénétration sont deux piliers essentiels de la cybersécurité, chacun ayant ses propres forces et faiblesses. Comprendre leurs différences techniques et juridiques est crucial pour toute organisation souhaitant renforcer sa posture de sécurité. Tandis que le scan de vulnérabilité offre une vue d’ensemble rapide des failles potentielles, le pentest fournit une analyse approfondie et contextuelle de la sécurité, permettant de mieux comprendre et de mitiger (atténuer) les risques réels.

En intégrant ces deux pratiques de manière complémentaire, les organisations peuvent mieux se préparer à faire face aux menaces cyber et protéger efficacement leurs infrastructures.